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Interview

Transition alimentaire : l'Agence a du grain à moudre

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Du 22 septembre au 31 octobre, notre territoire alpin accueille le mois de la transition alimentaire. L'Agence se mobilise pour accompagner les territoires sur le sujet. 3 questions à Fabien Daumark, urbaniste, chargé d'études Agricultures & Alimentation à l'Agence.

TRANSITION ALIMENTAIRE : L’AGENCE A DU GRAIN À MOUDRE

Du 22 septembre au 31 octobre, notre territoire alpin accueille le mois de la transition alimentaire. L'Agence se mobilise pour accompagner les territoires dans l’adaptation de leurs politiques publiques aux enjeux de cette transition. Fabien Daumark, urbaniste, chargé d'études Agricultures & Alimentation à l'Agence, passe à table.

Urbanisme et alimentation… Quels leviers d’actions pour les collectivités ?

« Le système alimentaire est la manière dont l’homme s’organise dans l’espace et dans le temps pour obtenir et consommer son alimentation ». Louis Malassis, 1997.
De la fourche à la fourchette, du champ à l’assiette, les expressions se bousculent pour témoigner des activités mises en place par une société pour produire, transformer, transporter et consommer la nourriture. La complexité de nos organisations s’avère toutefois délicate à appréhender, tant elles dépendent d’acteurs et de ressources hétérogènes, dans un espace-temps distendu.

L’action des décideurs publics a évolué dans le temps. Elle se fonde principalement sur la notion de sécurité publique. C’est encore le cas aujourd’hui, lorsqu’une collectivité programme de sécuriser l’approvisionnement de ses cantines avec des produits bio et sous signe de qualité, en vertu de la loi Egalim 2018. En outre, le terme alimentation, de par les enjeux transversaux qu’il suppose, devient un mobile pour renouer des liens villes-agricultures oubliés, les renforcer ou les reconfigurer.

Liens ville-campagne, consommation d’espace, artificialisation des sols, bio et local, agriculture urbaine ou périurbaine… les questions d’agricultures et d’alimentation permettent d’interroger les politiques publiques, et notamment celles de l’urbanisme.
Les passerelles entre l'urbanisme et l'alimentation sont nombreuses. Une collectivité peut agir sur les enjeux de transition alimentaire en anticipation sur l’urbanisme à travers ses documents de planification, ses projets urbains, sa politique foncière, ou d’autre outils juridiques comme le périmètre de protection et de mise en valeur des espaces agricoles et naturels périurbains (PAEN). En parallèle, elle peut aussi mener politique ciblée sur l’accompagnement à l’installation d’agriculteurs, ou soutenir la création d’un magasin de producteurs, … des lieux de sociabilité et d’éducation autour du jardinage…

Bref, l’urbanisme s’impose au cœur du sujet.

Comment l’Agence accompagne concrètement ses membres sur le sujet ?

Ces dernières années, nous avons développé une expertise agricultures et alimentation au fil de l’eau, en nous documentant, en participant à des séminaires, en nous appuyant sur notre connaissance du territoire et ses dynamiques, en associant les compétences pluridisciplinaires de l'équipe Agence, en mobilisant nos outils d’observation et d’analyse...
Nous avons parallèlement développé l’ambition d’accompagner les collectivités désireuses de mieux intégrer les enjeux de résilience de notre système alimentaire, notamment en intégrant la question de l’artificialisation des sols dans leurs projets et documents d’urbanisme (Planification, PAEN, Projet urbain …).

C’est ainsi qu’en 2018, le Département de l’Isère a sollicité l’Agence pour une assistance à la démarche de protection et de mise en valeur des espaces agricoles et naturels périurbains (PAEN) de la commune de Voreppe. Une démarche plébiscitée par les élus, qui permet à la fois de protéger durablement les terres agricoles de l’urbanisation et d’enclencher une dynamique de projet en lien avec une pluralité d’acteurs, dont les agriculteurs.

En 2019, l’Agence a coordonné la réalisation du dossier partenarial de candidature à la labellisation du Projet Alimentaire interTerritorial (PAiT). Pour répondre aux orientations de ce document, les premiers grands engagements collectifs sont mis en œuvre cette année, visant en particulier à structurer l’offre locale sur les labels de qualité éligibles à la loi Egalim. Mandatée par Grenoble-Alpes Métropole, le Pays Voironnais et Le Grésivaudan, l’Agence réalise actuellement une étude collaborative avec la chambre d’agriculture de l’Isère. Il s’agit d’un premier panorama de la restauration collective sur le territoire, partagé avec ses acteurs. Croisé avec la situation agricole, il permettra de cibler les grandes questions à se poser collectivement et dans chaque territoire pour adapter les politiques publiques.

Depuis trois ans, l’Agence accompagne aussi la communauté d’agglomération du Pays Voironnais dans la mise en place d’un observatoire agricole, avec pour objectif de développer ensuite son volet alimentaire. À partir d’un socle de données de référence, il s’agit de suivre les évolutions de l’agriculture et la façon dont elle se prépare à répondre aux défis sociétaux, économiques, environnementaux et climatiques. Une synthèse du diagnostic sera publiée très prochainement.

Enfin, très récemment, dans le cadre d’une déclinaison locale du PAiT, la Ville de Seyssinet-Pariset a sollicité l’Agence pour l’assister dans la réalisation d’un inventaire des terrains jardinés et des potentiels espaces jardinables. Il s’agit ici d’étudier les possibilités d’’installation de producteurs et le développement d’espaces à jardiner pour les habitants.

À travers ces interventions, l’Agence se mobilise pour aider les territoires à passer d’une approche principalement agricole à la dimension systémique de l’alimentation. En allers-retours entre l’outil de production agricole (offre) et le citoyen-mangeur (demande), nous œuvrons aux cotés de nos partenaires à l’émergence d’actions responsables vis-à-vis de la santé humaine et de son environnement, en prenant appui sur les communes, les acteurs techniques, socio-professionnels, associatifs et citoyens.

La crise sanitaire a-t-elle bousculé les priorités ? Comment les acteurs territoriaux et l’Agence peuvent se mobiliser pour répondre à l’urgence et aux enjeux d’une alimentation durable ?

Pendant la crise, de nombreuses solidarités institutionnelles et bénévoles ont vu le jour. Bien des ménages ont été sensibilisés sur leur rôle en tant que consommateurs. Toutefois, l’observation des comportements, des fragilités (revenus, stocks, transport, spécialisation, aide alimentaire) et de l’organisation des autorités pendant la crise sanitaire met en évidence non seulement la nécessité de prévoir des mesures de gestion de crise, mais aussi de « ménager le territoire » en amont, en évitant autant que possible de le fragiliser par des aménagements inadéquats face aux enjeux.
Changement climatique, effondrement de la biodiversité, épuisement des ressources énergétiques minières, artificialisation des sols, risques de crise financière et globales... : ces questions qui sous-tendent entre autres l'alimentation durable ont pu être développées et partagées avec plus d’une centaine de professionnels et élus lors du séminaire d’ouverture du premier mois de la transition alimentaire organisé par les acteurs du PAiT le 22 septembre dernier. L’Agence était bien sûr présente au rendez-vous et continue de s’investir aux côtés des acteurs locaux.

Approches renouvelées de projet urbain ou de territoire, évolution du contenu des documents d’urbanisme, développement de la connaissance des dynamiques de notre système alimentaire territorial, mobilisation du foncier pour l'agriculture... Pour contribuer à rendre nos territoires plus résilients en s’engageant dans la transition alimentaire, l'Agence devra sans doute se mobiliser plus encore pour accompagner et éclairer les politiques publiques.

Aussi vaste qu’urgent, le chantier nous semble devoir être engagé avec toutes les parties prenantes, pour garantir une sécurité alimentaire et une alimentation durable, pour tous, sur tous les territoires.

FOCUS LOI EGALIM

Loi pour l'équilibre des relations commerciales dans le secteur agricole et une alimentation saine et durable, votée en octobre 2018. L’un des objectifs phares : 50 % de produits sous signe de qualité et 20 % de produits bio dans la restauration collective d’ici à 2022. + d'infos


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