L’Observatoire national de la Politique de la ville (ONPV) a dédié son rapport 2017 (paru en 2018) à la Mobilité résidentielle des habitants des quartiers prioritaires. L’Agence, invitée à contribuer, a proposé un focus sur les quartiers prioritaires entre 2009 et 2012.
Quartiers prioritaires : quelle mobilité des ménages ?
AURG
Fin 2006, dans le cadre du Programme local de l’habitat (PLH) signé fin 2004 et du Contrat urbain de cohésion sociale (Cucs), Grenoble-Alpes Métropole saisissait l’Agence pour qu’elle observe la mobilité résidentielle des ménages modestes de l’agglomération, dont ceux des quartiers prioritaires. En 2009, une étude spécifique était conduite, en collaboration avec la Caf de l’Isère. Les élus en charge de la Politique de la ville estimaient que l’action positive de leur politique était minorée, voire annihilée, par les indicateurs classiques d’observation des quartiers prioritaires. En effet, les approches en termes d’évolution de stocks (de demandeurs d’emplois, de ménages à bas revenus…) à deux dates ne montraient pas d’amélioration de la situation des habitants des quartiers prioritaires. Un constat qui abondait les discours sur l’inefficacité des actions de la Politique de la ville.
Or, les élus étaient convaincus du contraire : à travers une observation des flux, ils voulaient vérifier l’hypothèse selon laquelle des ménages ayant profité des actions de la Politique de la ville, et dont la condition sociale avait ainsi pu s’améliorer, quittaient ensuite leur quartier pour être remplacés par des ménages plus précaires, ce qui venait masquer une réalité plus positive.
En effet, les enquêtes successives d’occupation du parc social montrent que les locataires ayant emménagés récemment sont effectivement plus pauvres que les locataires en place. Cette paupérisation est encore plus marquée dans les QPV. Mais ces enquêtes ne fournissent aucun renseignement sur les origines des emménagés récents, ni sur les destinations de ceux qui déménagent. De plus, elles ne concernent qu’une partie du parc de logements : le parc social public. Or, à l’échelle métropolitaine, presque autant de ménages modestes résident dans le parc privé que dans le parc public et dans les quartiers prioritaires, une frange des ménages modestes étant logée en parc privé.
CE QUE MONTRE L’ÉTUDE
Les quartiers de la Politique de la ville ne sont pas des « nasses » desquelles les habitants ne pourraient plus s’échapper. Chaque année, un nombre significatif de ménages modestes des quartiers prioritaires de la métropole grenobloise les quittent : entre 2009 et 2012, au moins un ménage modeste sur cinq a déménagé hors de son quartier prioritaire. Le peuplement de ces quartiers est toutefois plus stable que la moyenne (le taux de départ enregistré dans les autres quartiers non prioritaires est le double). C’est ce qu’indique l’analyse des mouvements résidentiels des allocataires-logement de la Caf de l’Isère. Ces départs contribuent à l’appauvrissement des quartiers prioritaires car ceux qui en partent sont un peu plus aisés que ceux qui s’y installent. Malgré tout, les ménages des quartiers prioritaires dont les revenus augmentent ont pourtant tendance à demeurer dans leur quartier ou bien, s’ils déménagent, à rejoindre un autre quartier prioritaire. La mobilité semble davantage déterminée par l’évolution de la composition des ménages, ou par des facteurs liés à la qualité de vie dans les quartiers, que par la seule évolution des revenus.