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Floodscapes : Stratégies paysagères en temps de changement climatique

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Intervention de Frédéric Rossano le 9 avril 2018, à l’issue de la restitution intermédiaire de l’atelier de Master 1 de l’IUGA sous la responsabilité de Charles Ambrosino

Floodscapes

Stratégies paysagères en temps de changement climatique

Intervention de Frédéric Rossano le 9 avril 2018, à l’issue de la restitution intermédiaire de l’atelier de Master 1 de l’IUGA sous la responsabilité de Charles Ambrosino

Frédéric Rossano est paysagiste DPLG, Dr. sc. ETH Zürich ; enseignant chercheur à l’école d’Architecture de Strasbourg ENSAS et directeur du laboratoire AMUP (EA 7309) – Architecture, Morphologie/Morphogenèse Urbaine, Projet

Charles Ambrosino, historien et urbaniste, est maître de conférences à l’Institut d’Urbanisme de Grenoble et chercheur à l’UMR PACTE. Responsable de la mention de Master Urbanisme et Aménagement et du Master 2 Urbanisme et Projet Urbain, il enseigne le projet, les mutations urbaines, la fabrique de la ville contemporaine et l’histoire des espaces urbains.


Dans le cadre d’une convention avec l’Agence et en lien avec son Conseil scientifique dédié cette année à la question de la résilience en matière de risques, les étudiants en Master 1 Urbanisme et Aménagement, parcours Urbanisme et Projet Urbain de l’Institut d’urbanisme et de géographie alpine se sont focalisés sur la gestion du risque d’inondation en entrée Est de la métropole grenobloise. La séance était consacrée à la restitution intermédiaire de leurs travaux et projections.

Le travail en atelier avec les étudiants, matière première pour le Conseil scientifique de l’Agence, s’est poursuivi par un séminaire organisé en partenariat avec le Laboratoire Pacte, dans le cadre du cycle de séminaires Transitions en discussion, animé par Charles Ambrosino et Inès Ramirez-Cobo, autour des nouvelles stratégies mises en œuvre pour « mitiger »* les crues futures.

*vient du terme anglais Risk mitigation. Signifie une limitation, en tout ou en partie, des conséquences négatives du risque qui sont considérées comme inévitables ou probables.

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Ces stratégies préférant les solutions spatiales aux techniques classiques d’endiguement, sont aujourd’hui mises en œuvre à grande échelle dans des pays aussi divers que la Suisse, l’Allemagne, la France ou les Pays-Bas, et affichent des ambitions similaires : redonner de l’élasticité à des paysages fluviaux pétrifiés par des siècles de “corrections” successives, et mitiger les effets des crues de large amplitude auxquelles les villes ne peuvent seules faire face. Les grands projets développés en Europe occidentale illustrent ainsi comment les mesures de mitigation actuelles débordent largement du champ de l’hydrologie pour engager les territoires sous tous leurs aspects – intégrant loisirs, écologie, activité agricole et même parfois croissance urbaine. Une lecture comparée de deux grands programmes nationaux et six projets régionaux montrent cependant que cette nouvelle approche ne réussit pas partout et sous toutes conditions, la stratégie et l’ancrage local du projet devenant déterminants dans sa conception et sa mise en œuvre.

C’est le propos développé par Frédéric Rossano, invité d’honneur, venu présenter ses travaux remarquables sur les paysages de l’inondation (floodscapes).

Frédéric Rossano a pratiqué le projet urbain et de paysage, essentiellement aux Pays Bas et sur des zones inondables. Son analyse historique, philosophique, politique et technique de l’évolution des stratégies humaines visant à accepter, limiter ou même dénier les risques d’inondations, montre qu’après les solutions d’endiguement largement développées, sont apparues de nouvelles techniques de gestion des cours d’eau, qui transforment le paysage et invitent à « vivre avec », y compris en zone urbaine.

« Un cours d’eau peut être considéré comme un espace culturel, un espace construit et signifiant. » Frédéric Rossano

Au travers d’exemples d’aménagement en Suisse, en Allemagne, en France et aux Pays-Bas, Frédéric Rossano a montré comment il est possible de redonner de l’élasticité aux paysages fluviaux, en combinant les usages et en renégociant les espaces (agriculture, infrastructures, loisirs, voire zones habitables).

Une belle source d’idées pour notre territoire grenoblois !

« Imaginer des espaces élastiques au niveau temporel et des usages. » Frédéric Rossano

« Penser l’eau comme une forme malléable (…) Penser d’élasticité de l’eau ici à Grenoble, c’est se souvenir que la plaine existe aussi… Or on n’imagine pas les espaces de loisir autrement que sur les montagnes. » Charles Ambrosino

 

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En savoir plus :

Travaux de Frédéric Rossano : http://amup.strasbourg.archi.fr/fr/membres/frederic-rossano | http://landscope.eu/Cycle de séminaires du Pacte

Transitions en discussion : https://www.pacte-grenoble.fr/cycle-de-seminaire/transitions-en-discussio

À lire en complément :

François Blanc, 1733. Grenoblo malherou – Poésies en patois du Dauphiné

Denis Cœur, 2008. La Plaine de Grenoble face aux inondations : genèse d’une politique publique du XVIIe au XXe siècle