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Espaces publics dans la densification douce : simple reliquat ou condition de qualité?

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Quelles sont les qualités des espaces publics dans le tissu pavillonnaire ? Comment la limite entre l’espace public et privé évolue-t-elle à la suite d’un processus de densification douce ? Assistons-nous à une fermeture des parcelles, une perte du confort d’ensoleillement, une disparition des trames végétales… ou existe-t-il des situations de renouvellement maîtrisées du tissu pavillonnaire ?

Espaces publics dans la densification douce : Simple reliquat ou condition de qualité ?

Deux études menées par l’Agence [le diagnostic du PLH du Pays Voironnais et le chantier « Formes urbaines et paysagères » du PLUi de Grenoble-Alpes Métropole] viennent éclairer ces questions.

Soigner l’interface privé/public : et si la qualité se jouait ici ?

Une quarantaine de maisons ont servi l’observation des effets urbains, paysagers et architecturaux produits par la division parcellaire sur l’espace public. La méthode mise en œuvre s’appuie sur un travail cartographique issu des transactions de terrains à bâtir en diffus (Perval), croisées avec les informations et les évolutions cadastrales renseignées dans les Fichiers fonciers. Ce travail est complété d’un relevé du processus de la division parcellaire à partir de Street View Google Maps et d’IGN « Remonter le temps ».

Une hétérogénéité de qualité en limite des espaces privés et publics est constatée à plusieurs niveaux

Des limites de parcelles apparaissent peu qualitatives, avec une multiplicité d’accès ainsi que des problèmes de vis-à-vis entre privé et public solutionnés par des clôtures et portails opaques (photo 1). On note peu d’aménités avec les espaces publics, confrontés en outre à une gestion complexe des boîtes aux lettres et des poubelles.

Des interfaces entre privé et public sont intéressantes avec la conservation de murs ou de haies, la continuité de la barrière entre la nouvelle et l’ancienne maison (photo 2) ou encore une mutualisation des accès. Les divisions parcellaires dans les terrains en pente intègrent plus facilement ces interfaces dans leur projet.

Enfin a contrario, des configurations améliorent la rue avec un porche au niveau de l’entrée de la maison qui apporte du rythme (photo 3), une haie plantée d’essences diverses ou grâce à l’implantation d’un abri voiture plutôt que d’un garage, qui ouvre la vue sur le grand paysage (photo 4).

Ces espaces intermédiaires entre les espaces privés et publics contribuent à la qualité dans les parcelles et à l’ambiance du quartier.

Densifier sans déqualifier : comment s’y prendre ?

Trois approches peuvent se mener en parallèle ou conjointement.

La première consiste à préciser et renforcer des règles générales dans les plans d’urbanisme comme les règles sur l’implantation, le type de clôture ou le taux de pleine terre.

La seconde vise à mettre en place des OAP thématiques comme l’OAP Paysage & Biodiversité de Grenoble-Alpes Métropole ou l’OAP Division parcellaire de Saint-Jean-de-Moirans. Toutes deux précisent la gestion des vis-à-vis, la composition des interfaces, la prise en compte de la végétation ou encore, l’emprise des accès et du stationnement.

La troisième enfin, permet d’accompagner les porteurs de projet via un urbanisme négocié avec par exemple, la réalisation et la diffusion d’un guide sur la division parcellaire.

In fine, réfléchir aux interfaces entre les espaces privés et publics permet de dépasser l’analyse du projet de construction à l’échelle de la parcelle et de questionner les qualités souhaitées dans sa rue et dans son quartier.

Ce « dézoomage » permet aussi de croiser d’autres enjeux à l’échelle macro comme par exemple, la trame végétale présente dans le privé et le public ou la trame noire des dispositifs d’éclairage.

Dans cet article, l’espace public est défini comme un espace ouvert au public, quel que soit son statut (privé ou public) et qu’il soit aménagé ou pas à destination du public (Fleury, 2018).
Lors de la construction d’une maison après une division parcellaire, l’espace public peut être considéré comme une voirie, un espace fonctionnel d’accès aux maisons, voire un lieu de passage supportant de plus en plus de trafic (Lévy, 2010). Cet espace public peut aussi devenir un lieu de conflit entre voisinage et à l’encontre des nouveaux projets de division parcellaire (syndrome Nimby, « Not In My BackYard – pas dans mon jardin).

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Photo 1 - Noyarey

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Photo 2 - La Buisse

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Photo 3 - Grenoble

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Photo 4 - Venon


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