L’évaluation d’impact sur la santé à Grenoble (EIS) : entretien avec Claire Namy, Grenoble-Alpes Métropole

Pourquoi lancer des évaluations d’impact sur la santé sur le territoire de Grenoble-Alpes Métropole ?

L’objectif premier est d’améliorer les conditions de vie et d’habitat dans la métropole, comme le veulent les plans nationaux santé environnement. La santé est une thématique de la politique métropolitaine aussi importante que les autres, avec l’avantage d’être transversale puisqu'elle prend en compte la mobilité, le cadre de vie, la sécurité… C’est une préoccupation de la Métropole depuis longtemps, même si elle ne relève pas de sa compétence, contrairement à la politique de la ville. Elle a donc intégré cette thématique au contrat de ville dans l’objectif de réduire les inégalités sociales et territoriales de santé. Si ces démarches ciblent certains quartiers en particulier, la réflexion bénéficie à l’ensemble du territoire.

En intégrant le renouvellement urbain au contrat de ville, la loi Lamy a permis d’élargir le champ à l’urbanisme favorable à la santé. Les services métropolitains ont vite compris l’intérêt de cette démarche et ont bénéficié du soutien des élus et des communes de Grenoble et d’Échirolles pour une première évaluation d’impact sur la santé dans les quartiers des deux Villeneuve(s). Disposer d’un portage politique fort pour les évaluations est en effet indispensable pour réunir et mobiliser des partenaires qui n’ont pas l’habitude de travailler ensemble, en particulier en matière de santé.

Quels sont vos partenaires sur l’évaluation d’impact sur la santé des Villeneuve(s) ?

Nous nous sommes naturellement tournés vers l’observatoire régional de la santé, opérateur historique financé par l’Agence régionale de santé (ARS) pour la mise en œuvre de ces démarches. Mais, et c’est indispensable, le partenariat autour de ces outils est bien plus large : acteurs locaux de la santé, services communaux et métropolitains, collectifs d’habitants, agences d’urbanisme, bureaux d’études…

Le rapport de l’Observatoire régional de la santé est en cours de finalisation. Ce qui est intéressant, c’est que la démarche et les recommandations issues de l’évaluation d’impact sur la santé des deux Villeneuve(s) leur permettent de répondre à un certain nombre de critères dans le cadre de la démarche de labellisation Écoquartier.

Y a-t-il d’autres évaluations d’impact sur la santé en cours ?

Nous avons proposé à d’autres communes de lancer une évaluation. Le Pont-de-Claix a saisi l’opportunité en 2019 de la mettre en œuvre, dans le cadre du projet de renouvellement urbain des Îles de Mars-Olympiades. C’est une évaluation d’impact sur la santé qui s'est déoulée sur un temps plus court, environ six mois, dans un quartier de plus petite dimension que les Villeneuve(s). Le fait qu’elle ait été menée par l’agence d’urbanisme, et non par l’observatoire régional de la santé, a apporté une dimension complémentaire à la première expérimentation : au lieu d’un opérateur santé qui travaille sur du renouvellement urbain, c’est un opérateur de projet urbain qui travaille sur la thématique santé. C’est enrichissant. Dès le comité de pilotage, l’approche était très différente, notamment au niveau des outils pédagogiques mobilisés en matière de projet urbain favorable à la santé, l’agence d’urbanisme cherchant à permettre aux acteurs du projet urbain une meilleure identification des déterminants de santé sur lesquels ils peuvent agir.

Et maintenant ?

Avoir ces deux évaluations d’impact sur la santé sur des territoires différents, avec des approches distinctes, c’est vraiment une expérience intéressante. Nous allons proposer à d’autres territoires de s’en saisir : bien des quartiers qui se réclament du développement durable ne sont pas forcément les plus conscients des enjeux de santé publique. Encore une fois, cela dépendra du portage politique, qui est essentiel.