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POPSU TRANSITIONS GRENOBLE – retrouver les voi(es)x de l’eau - c’est parti !

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Vendredi 20 octobre, l’amphithéâtre du bâtiment Hoche de la Métropole réunissait une trentaine de chercheur·es d’horizons variés, des technicien·nes de Grenoble-Alpes Métropole, des représentant·es de l’Agence d’urbanisme. C’était le foisonnant séminaire de lancement du nouveau programme de recherche grenoblois, partie prenante de Popsu Transitions, dont le thème de l’eau sera le fil bleu.

popsu transitions grenoble – retrouver les voi(es)x de l’eau - c’est parti !

Vous avez-dit Popsu ?

Comme l’évoque Laetitia Van Eeckout dans son article du Monde (10 octobre 2023), « Il y a trop souvent d’un côté les chercheurs dans leurs laboratoires et de l’autre le terrain avec les élus et les agents de la ville. Pourtant les premiers peuvent amener les seconds à avoir une pratique plus réflexive et une vision différente des sujets. » Du côté des élus et techniciens des collectivités, selon Hélène Clot, directrice stratégie, innovation et relations citoyennes de Grenoble-Alpes Métropole, « les occasions ne sont pas si fréquentes de sortir la tête du guidon, de provoquer des moments privilégiés pour faire atterrir la recherche auprès des acteurs et au plus près du terrain. »

Cette rencontre d’intérêts réciproques, c’est exactement l’ambition de la Plateforme d’observation des projets et stratégies urbaines, Popsu, « lieu de convergence de la recherche et de ceux qui font et gouvernent les villes ». Cela se traduit par la construction sur le territoire national de scènes intellectuelles locales au service de l’action publique territoriale.

Forte du succès des précédents programmes, et considérant l’intérêt réflexif pour la conduite de l’action publique, Grenoble-Alpes Métropole, associée à l’UGA et à l’Agence d’urbanisme, a fait le choix de s’engager à nouveau dans Popsu, cette fois dédié aux transitions. L’objet du programme est d’articuler les enjeux de cohésion territoriale et de transition écologique, celle-ci étant évidemment appréhendée de manière plurielle et systémique.

Prenant le relai du précédent programme Popsu (2020-2023) sur la question des émergences (voir Grand A #5 Émergences), une proposition partenariale de programme de travail a été présentée, et retenue : Grenoble XXI. RETROUVER LES VOI(ES)X DE L’EAU.

De l’aménagement de la technopole au ménagement de la métropole géographique

Comme une évidence ? … À la fois un élément naturel et écosystémique, une ressource, un paysage, un commun, le prétexte au déploiement d’objets sociotechniques et de politiques publiques… Bref l’eau, visible et invisible, est au cœur des transitions. En termes de recherche, elle permet l’anticipation prospective et l’articulation des échelles et des disciplines (sciences du territoire, sciences humaines, sciences du vivant) ; des observations de projets urbains, paysagers, techniques et des écosystèmes d’acteurs associés ; l’analyse d’enjeux territoriaux et interterritoriaux (avantage compétitif Vs solidarité) cardinaux pour la métropole grenobloise.

L’eau à Grenoble a une histoire principalement liée à celle du risque (force destructrice) et à celle de la technique puis de la technologie (force motrice, industrie électronique). Rarement jusque-là elle a été pensée comme un « bien commun » à gérer comme tel, à la fois dans une logique de sobriété, d’équité et d’aménité. Pour le projet, une question émerge : Comment passer de l’aménagement de la technopole au ménagement de la métropole géographique ?

Retrouver les voi(es)x de l'eau : trois axes de recherche

Sous la houlette de Charles Ambrosino (professeur d’urbanisme, IUGA, Pacte), pilote du programme, d’Hélène Clot et Clément Frossard (Grenoble-Alpes Métropole) et de Frédéric Pontoire (Directeur Agence d’urbanisme), trois grands axes de recherche ont pris forme :

>ENTENDRE LES VOIX DE L’EAU
Partage, conflits et gouvernance d’un « bien commun » en tension

>RETROUVER LES VOIES DE L’EAU
Révélation sensible, écologique et paysagère des infrastructures hydrauliques et bleues

>L’EAU COMME DESS(E)IN
Réarticuler ville et territoire ou l’hypothèse biorégionaliste.

Ces trois axes structureront les travaux de ces trois prochaines années, avec le concours de nombreux chercheurs et techniciens associés dans cette « recherche-action » au service du territoire.

Un séminaire de lancement riche et passionnant

Les protagonistes étaient réunis pour la première fois, en la présence de Nicolas Maisetti, directeur du programme national Popsu Transitions.

Trois chercheur·es ont ouvert le bal, avec des présentations détonantes :

1/Il n’y a de commun que si des acteurs (commoners) qualifient un objet en tant que tel
2/Il n’y a de commoners que si des collectifs actualisent en permanence une qualification (de l’eau) en tant que commun via du commoning (pratiques)
Communs et territoires de l’eau : le commun procède et produit du territoire.
Arnaud Buchs, Maître de conférence en Économie, Institut d'études politiques de Grenoble

On ne sait pas vraiment ce qu’est une biorégion. Mais on sait « ce qu’elle n’est pas : une région à échelle unique, fixe et bien définissable». Pas plus « qu’un régionalisme vert. Un repli sur soi conservateur ». Mathias Rollot, Maître de conférence en Architecture, ENSAG

L’après-midi a été consacré au travail en ateliers, avec trois groupes : (1) l’Eau domestique (hygiène, alimentaire) et récréative (piscine, lac nautique, baignade, rafraîchissement) (2) L’Eau productive (industrielle, économique, énergétique et agricole) et maîtrisée (3) L’eau verte (biodiversité, paysage) – Des échanges et des débats autour des usages, des acteurs, des relations, des sites équipements à enjeux, des impacts réciproques… avec une consigne-clé pour la suite : repérer et situer les « observables » sur lesquels se focaliseront les recherches, toujours dans la visée concrète de servir et nourrir les politiques publiques.

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La « bâche », outil de spatialisation, de mise en commun et d’échange

C’est un outil qui commence à être connu et qui fait toujours son petit effet : une grande bâche en PVC de 5X6 m, réalisée par l’Agence à partir d’une orthophoto de l’aire grenobloise. Posée au sol, on s’y promène, on cherche à se repérer, on identifie des sites et des espaces à grand renfort de rubans adhésifs et de gommettes de couleur que l’on place et déplace au gré des échanges. L’outil parfait pour conclure le séminaire par un temps collectif qui permet de spatialiser les sites, infrastructures et équipements à enjeux qui ont émergé des débats précédents, et de localiser les observables. Évidemment, l’exercice ne révèle que la partie immergée de l’iceberg, et bien des invisibles sont cachés dans les méandres de l’image, que les explorations futures s’attacheront à révéler.

Popsu Transition Grenoble XXI, c’est parti. On se jette à l’eau et promis, on revient vers vous avant d’arriver à la mer. L’aventure promet d’être belle.

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ALLER + LOIN

Ressources bibliographiques

Dictionnaire des biens communs, PUF, 2017

Grenoble-Alpes Métropole : l'eau en partage, Béatrice Méténier, Glénat 2022

Une métropole face au défi de l'eau - Antoine Brochet, Juliette Blanchet. C’est quoi l’urgence, Le Un Hebdo, sept. 2023

L’Alpe 09, L’eau

La métropole géographique et ses urbanismes - Charles Ambrosino. Les cahiers POPSU, 2022


Ressources en ligne

https://bioregions-bibliotheque.fr/

Grand A #2 Risques et résilience

L'Agence veille


Présentations

Grenoble XXI – Retrouver les voi(es)x de l’eau. Charles Ambrosino, professeur d’urbanisme, IUGA, Pacte.

Eau, bien commun et territoire. Arnaud Buchs, Maître de conférence en Économie, Institut d'études politiques de Grenoble.


Biorégions & bassins-versants : à propos d'eautochtonie. Mathias Rollot, Maître de conférence en Architecture, ENSAG

Eau, climat et territoire. Juliette Blanchet, hydrologue, Chargée de recherche au CNRS – IGE