Quels sont les profils des habitants enquêtés ?

Nous avons pu définir une typologie des enquêtés grâce à une méthode qui permet de les répartir selon une logique des « plus proches voisins » en fonction des similarités de profils. Six profils ont ainsi émergé de notre analyse, qui servira de référence pour mesurer, évaluer, comparer les évolutions des personnes dans les enquêtes à venir. La classification pourra également être exploitée pour d’autres usages par les services de la Métropole. 

Lucas Jouny, démographe à l'Agence

Les historiques

​Majoritairement des femmes, assez âgées, qui vivent à l’Arlequin​, habitantes de longue date à la Villeneuve

- Personnes intégrées au quartier​
- Plutôt sédentaires, une faible diversité dans les pratiques de mobilités
- Place réduite aux loisirs dans les rythmes de vie ​
- Parfois investis dans le quartier​
- Connaissances et usages des services, mais pas d’investissement associatif​
- Se sentent en sécurité dans le quartier, avis positif quant à la tranquillité publique ​
- En situation de pauvreté économique, et de mauvaise santé​
- Bonne connaissance des projets en cours mais avis mitigé, personnes qui sont forces de proposition ​

Portrait d’Henriette ci-dessous

Les résidents

Mixité femmes/hommes, d’âge, et de quartiers (Géants/Arlequin), couples (avec ou sans enfant)​, ancienneté d’habitation comprise entre 2 et 15 ans : des jeunes couples, familles monoparentales post-séparation, de jeunes retraités​

- Personnes avec une sociabilité très resserrée et se sentent peu intégrées au quartier​
- Pratiques spatiales parfois restreintes, et souvent très régulières, routinières
- Peu de place aux loisirs, méconnaissance des services (et non recours), rare investissement dans la vie du quartier ou de ses associations ​
- Insécurité ressentie et parfois vécue dans le quartier, avis négatif quant à la tranquillité publique.​
- Ne sont pas en situation de précarité économique​
- Globalement un avis négatif sur le quartier, mais ambivalent sur l’habitat et les logements​
- Faible connaissance des projets en cours mais un avis plutôt positif (en particulier sur les démolitions). Les principales critiques se concentrent sur les populations : jugées inciviles, irrespectueuses.

Les satisfaits

Majoritairement des jeunes (< 30 ans), qui vivent à l’Arlequin, plutôt locataires, vivant seul·es

- Se sentent intégrées au quartier, et entourées socialement​
- Pratiques de mobilité très actives, étendues, et variées​
- Place importante aux loisirs dans les rythmes de vie, mais investissement très relatif dans la vie du quartier (ex : sans assos, faible recours services)​
- Se sent en sécurité dans le quartier, avis positif quant à la tranquillité publique ​
- Avis très positif sur le quartier, l’habitat (architecture, logement, vue…) ​
- Certain·es en situation de pauvreté économique, bon état de santé​
- Connaissance très partielle des projets en cours, encouragent la transformation pour l’image de la Villeneuve. Pas d’idée particulière pour le PNRU

Portrait de Malik ci-dessous

Les investis

Mixité femmes/hommes, d’âge, et de quartiers (Géants/Arlequin), ancienneté d’habitation très variée, plusieurs couples sans enfant, conditions de vie relativement aisées

- Se sentent entouré·es socialement et très intégré·es au quartier​
- Pratiques de mobilité très actives et routinières, sur un périmètre restreint, ​
- Investissement assez fort dans la vie du quartier​
- Se sentent en sécurité dans le quartier, avis positif quant à la tranquillité publique ​
- Avis très positif sur le quartier et en particulier les logements (taille, luminosité), mais déplorent une mauvaise image et des problèmes liés à l’habitat (propreté, questions thermiques, voisinage) ​
- Pouvoir d’achat assez élevé, bonnes conditions de santé​
- Bonne connaissance des projets en cours, avis positif sur les transformations (notamment passées). ​

Les routiniers sceptiques

Mixité femme/homme et de quartiers (Géants/Arlequin), plutôt des jeunes récemment arrivés ou bien des séniors « historiques », personnes vivant seules, conditions de vie variées (jeunes relativement précaires)

- Se sentent intégré·es au quartier, entouré·es socialement (réseau étendu) ​
- Pratiques de mobilité peu actives, routinières, sur un périmètre restreint​
- Investissement mitigé dans la vie du quartier, place aux loisirs importante, souvent réguliers (ex : footing parc, discussion maitre de chiens, promenade)​
- Parfois dans une association (jardin partagés, aide aux devoirs…), bonne connaissance des services du quartier​
- Se sentent plutôt en sécurité dans le quartier mais avis mitigé quant à la tranquillité publique (bruit) ​
- Ressenti positif sur le quartier en particulier sur l’image (vert, original, connecté)​
- Pouvoir d’achat varié avec des personnes en situation de précarité​
- Faible connaissance des projets en cours, avis mitigé sur les opérations « ne pas casser l’esprit Villeneuve » « le problème ce sont les gens » parfois force de proposition

Les usagers

Habitant·es des Géants, mixité femmes/hommes, personnes âgées entre 35 et 55 ans, plutôt des couples, mixité des statuts d’occupation du logement

- Se sentent plutôt intégré·es au quartier, entouré·es socialement (réseau étendu) ​
- Pratiques de mobilité actives et sur un périmètre étendu​
- Investissement mitigé dans la vie du quartier : rarement membres d’une association, pratiques spatiales limitées, bonne connaissance et usages fréquents des services de proximité​
- Place aux loisirs importante, pas de précarité économique exprimée​
- Se sentent plutôt en sécurité dans le quartier mais avis négatif quant à la tranquillité publique (bruit, point de deal) ​
- Ressenti globalement positif sur le quartier (image, habitat, logement…) ​
- Très faible connaissance des projets en cours, sans avis sur le PNRU et peu d’idées exprimées vis-à-vis du quartier ​

Portrait d'Arthur ci-dessous

Portraits d'habitants

LES HISTORIQUES : HENRIETTE*

Henriette est habitante de la Villeneuve depuis 1972 et est à la retraite depuis 23 ans. C’est une personne nostalgique et ancrée dans le quartier depuis presque 50 ans, qui a vu des habitants s’en aller et d’autres revenir, d’où son côté vétérante. Elle compare souvent la Villeneuve d’aujourd’hui à la Villeneuve « d’avant ».
Pas engagée dans les associations de quartier et n’ayant pas de famille dans le quartier, elle se définit comme solitaire. En revanche, elle est connue de tous grâce à son historique de quartier. Ponctuellement, elle a quelques rapports sociaux avec ses voisins et trouve ça sympa : elle a même donné ses clefs à sa voisine. Parfois, la solitude la pèse un peu mais elle aime sa tranquillité. Elle regrette les moments d’ « avant, quand elle était jeune ».
Henriette relie l’insécurité et les incivilités à ceux qu’elle appelle « les jeunes ». Elle se désole des vrombissement et rodéos de voiture le soir : le quartier serait mieux sans ces problèmes. A l’aise dans son logement, elle n’observe pas d’incivilités dans son immeuble mis à part la saleté dans les ascenseurs.
Cette personne a peur du futur concernant l’accès aux soins et trouve que c’est un vrai problème dans le quartier. Elle doit se déplacer en ville pour trouver des médecins car tous les professionnels du quartier, notamment au centre de santé, partent à la retraite.
C’est un profil se déplaçant peu en dehors du quartier mais qui marche beaucoup malgré sa santé Elle n’a pas de voiture, ne va plus en centre-ville et utilise les commerces de proximité. Elle aimerait qu’il y ait plus de services (pressing, mercerie, auto-école) à la Villeneuve, plus de commerçants (poissonnier, opticien).
Peu dépensière, elle n’a pas de difficultés pécuniaires en fin de mois. Henriette pense que le quartier va du 10 galerie de l’Arlequin au 170 de la même galerie, et exclut les Géants du secteur.
Elle dit ne pas avoir entendu parler du renouvellement urbain, mais sait que des démolitions de certains bâtiments sont prévues et que certaines ont déjà eu lieu (le 50 de l’Arlequin). Henriette est sceptique sur le temps de réalisation des travaux et aimerait que les rénovations avancent plus vite (prévues en 2021, décalées en 2022 à cause du covid), notamment d’isolation, car elle a froid dans son logement l’hiver. Henriette trouve que le quartier a besoin d’être rénové, car il est trop grand. Le point positif est que grâce aux travaux vers le parking, il y a moins de voitures qui brûlent.


LES SATISFAIT·ES : MALIK*

Malik est peintre en décoration. Il habite à la Villeneuve, place des Géants depuis 1973 et vit dans un logement social. Malik est divorcé de sa compagne, et a eu 2 filles de 15 ans et 19 ans avec cette dernière.
Malik connaît beaucoup de monde dans le quartier, et tout le monde le connaît. La plupart de ses amis habitent dans le quartier, mais il en a aussi à l’extérieur. Malik leur rend souvent service en bricolant chez eux : il demande une participation mais ne se fait pas payer. Il explique que l’entraide est primordiale ici : les gens n’ont ni le temps ni l’argent de toujours passer par les structures, les entreprises…
Malik a été bénévole à l’Osmose il y a une quinzaine d’années, une association qui proposait aux jeunes de faire des activités extra-scolaires et de l’aide aux devoirs. Il n’en fait plus partie aujourd’hui car les directives de l’association ont changé selon lui, et qu’il s’est construit une vie à côté.
Malik est content de son travail : il s’y sent libre, indépendant. Il regrette cependant de ne pas être payé plus. Il met un peu de côté tous les mois pour ses filles, mais peu.
Cet habitant trouve que le quartier est beau, en particulier le parc, mais désert : il n’y a plus de commerces, les gens ne se baladent pas dans les rues, etc. Lorsque la question de tranquillité publique arrive, Malik est sur la défensive : il pense que cette question est plus souvent posée à la Villeneuve que dans un quartier chic, et s’en offusque. Il finit quand même par avouer qu’il préférait l’ambiance d’avant, la bonne entente et la coexistence. Aujourd’hui, il dit que les politiques mettent les mêmes gens précaires ensemble et que cela rend le quartier triste et avec une mauvaise image, surtout à cause des immigrés.
Malik a été à des réunions publiques autour des aménagements urbains. Il a connaissance de la maquette au Patio, et sait que des constructions sont prévues. Il sait que certains bâtiments vont être détruits, mais ne sait pas dans quel but. Malik précise qu’il est difficile aujourd’hui de distinguer la Metro de la Ville de Grenoble, car personne ne sait comment chacune institution fonctionne. 


LES USAGER·ES : ARTHUR*

Arthur est un jeune étudiant en commerce, habitant de l’Arlequin depuis moins de 6 mois. D’origine lyonnaise, il vit dans une colocation de 3 personnes, tous de nouveaux habitants de la Villeneuve.
Arthur est arrivé dans le quartier surtout grâce à la proximité des commerces et du centre-ville ainsi qu’à l’accès aux transports en commun. De plus, le loyer est peu cher.
Arthur investi beaucoup le parc. En effet, il y promène son chien 3 fois par jour. Pendant ces promenades, il rencontre d’autres maîtres de chiens et prend du plaisir à discuter avec eux. Parfois, il adapte même l’heure de balade pour croiser certains d’entre eux. En revanche, Arthur trouve qu’il est dommage que le parc n’ait pas d’équipements sportifs, car il y va souvent y courir et aimerait pouvoir s’entraîner.
Hormis sa sociabilisation avec les autres maîtres de chiens, Arthur n’a pas besoin de se faire des amis car il dit « avoir déjà sa vie à côté ». En effet, ses amis ne vivent pas à la Villeneuve, et il rentre tous les weekends à Lyon pour voir ses proches.
Arthur connaît la mauvaise image du quartier et trouve que certains faits sont avérés. Cependant, il n’y prête que peu d’attention. Il sait que le hall à l’étage supérieur est investi par le deal et trouve cela dommage, mais ne se sent pas du tout impacté.
Côté associatif, Arthur ne connait que très peu de structures du quartier. En revanche, il est bénévole pour l’aide aux devoirs auprès d’élèves de primaire tous les jeudis soirs au Patio.
Lorsqu’il se projette, Arthur aimerait retourner vivre à Lyon pour être plus proche de ses amis et de sa famille, mais n’exclue pas la possibilité de rester à la Villeneuve.
Arthur n’a pas connaissance de la rénovation thermique à venir pour le 100. De plus, il trouve que les structures en bois aménagées sur la place sont inutiles, et n’a jamais reçu d’informations sur la réhabilitation de cet espace ni du quartier au sens large. D’après cet habitant, il manque un bar accueillant pour boire un verre de temps en temps, ainsi qu’un parking pour les riverains. Pour finir, Arthur aimerait voir les jardins partagés plus valorisés.

*Les prénoms et certaines autres informations ont été modifiées afin de préserver la confidentialité des personnes interrogées.