Faire sens et culture communs, une clé pour agir mieux ? L'interview

Au service de ses membres et des territoires, l’Agence s’attache à être à la fois un accumulateur d’expertise et de connaissance, et un incubateur d’idées et de solutions neuves. Pour une raison simple qu’il est bon de rappeler : c’est un outil partenarial et transverse, qui brasse une grande diversité de disciplines, ouvert sur le monde qui l’entoure et surtout, soucieux, en toutes circonstances, d’échanger, de mutualiser, de partager. Que ce soit à travers la Fnau, urbA4, son Conseil technique partenarial, son Conseil scientifique… elle n’envisage son action que dans un cadre « d’interconnaissance ».

Interviews de Sabine Lozier, coordonnatrice du réseau urba4 (agences d'urbanisme Auvergne-Rhône-Alpes) et d'Anne Quantin Pottecher, responsable de la communication à l'Agence.

Savien Lozier, vous venez d’entrer en fonction : quel est votre rôle ?

Urbaniste de formation, après un parcours diversifié qui est passé notamment par trois agences d’urbanisme, je suis arrivée à celle de Lyon en septembre dernier, avec une double casquette. Je suis pour une part chargée d’études « grand territoire » et un tiers de mon temps est consacré à la coordination du réseau urbA4, qui rassemble les agences de Grenoble, Saint-Étienne, Lyon et Clermont-Ferrand. À ce titre, j’ai un rôle interne et externe pour créer des synergies, articuler les actions, en lancer de nouvelles pour consolider ce qui existe déjà et pour rendre visible l’action du réseau auprès des partenaires régionaux.

Pourquoi un réseau d’agences à l’échelle Auvergne-Rhône-Alpes est-il indispensable ?

Ce sont quatre agences de calibres divers, avec des char-gé·e·s d’études aux compétences complémentaires, parfois avec des approches spécifiques. Cette mise en commun d’expertises pluridisciplinaires et de savoir-faire leur permet d’enrichir leurs points de vue sur leur propre périmètre d’intervention et de décrypter les dynamiques territoriales qui sont à l’œuvre sur le territoire régional, dans toute leur complexité et leur diversité.
La démarche réside aussi dans l’optimisation et la mutualisation des outils, des ressources, des méthodologies, des données, des expertises. Nous avons tous un volant de taches assez récurrentes, notamment en matière d’observation, de statistiques. Il y a un réel intérêt à éviter les doublons pour favoriser la mutualisation et bien évidement, optimiser les deniers publics.
Nous avons par exemple mis en place un serveur commun pour héberger toutes les missions que nous menons ensemble pour le compte de partenaires d’échelle régionale, et fait l’acquisition de données partagées, comme l’image satellite SPOT Thema qui permet d’observer l’évolution de l’occupation du sol.

Depuis deux ans, nous avons engagé une démarche pour identifier, sur chacune des thématiques de travail, les données que l’on peut mutualiser. Elle s’arrime à un groupe pilote avec un représentant de chacune des agences, en associant des chargés d’études thématiques qui se  réunissent de manière assez régulière. C’est l’occasion de pouvoir, chacun, avancer et progresser en s’inspirant de ce que font les autres. 

Quels sont les bénéfices d’une connaissance mutualisée et transverse pour les territoires ?

Cette réelle avancée de l’interconnaissance bénéficie à nos partenaires. Comme le veut l’adage, “ Ensemble on est plus fort ”, cette mutualisation nous donne une vraie légitimité pour intervenir à l’échelle de la Région Aura. Aujourd’hui on constate une interdépendance croissante des relations d’échanges entre les territoires. De ce fait, le réseau est important pour répondre aux demandes des territoires qui ont vraiment besoin d’une approche globale autant que d’un ancrage local fort dans la durée. Les agences d’urbanisme ont cette pérennité. Elles apportent leur ingénierie pluridisciplinaire et ce qui est vraiment leur ADN : le côté partenarial. Le réseau permet cette nécessaire mise en dialogue à une échelle plus large.

Quels objectifs et quel programme se dessinent pour 2020/2021 ?

Il y a la continuité de ce chantier de mutualisation qui est la constitution du socle commun. En 2020, un atelier de travail doit intervenir sur la thématique habitat et foncier, mise sous le feu des projecteurs avec l’objectif  « zéro artificialisation nette ». L’objectif est d’identifier s’il y a des lacunes, des manques et de développer, à travers l’interconnaissance, une véritable offre de service à  destination des acteurs régionaux. 

LE REGARD DE... Anne Quantin Pottecher, responsable communication à l'Agence

Depuis mon arrivée à l’Agence il y a neuf ans, je milite pour que cette notion large de partage (de l’information, de la connaissance, des questions, des idées, des méthodes, des expériences, etc.), très adossée à nos missions d’observation et d’études, soit au cœur. C’est d’ailleurs aujourd’hui un axe fort de l’offre de service, de la communication et du partenariat. Pour des raisons évidentes : la première est le « rendre compte ». Comme l’a rappelé Sabine Lozier, les missions des agences sont financées par des deniers publics ; en outre, elles s’effectuent dans le cadre d’un programme partenarial qui est voté. Dire ce que l’on fait, restituer et diffuser les résultats sous une forme aussi accessible que possible est un minimum ! C’est toutefois insuffisant à mes yeux. Depuis plus de cinquante ans, les agences, et la nôtre en particulier, constituent une mémoire et une connaissance du territoire et de ses évolutions tout à fait uniques. Il serait impensable que ces informations précieuses dorment dans des tiroirs. Au contraire, elles constituent un bien commun inestimable, au service de l’ensemble des acteurs territoriaux, qui doit nous aider collectivement, à comprendre d’où l’on vient et à réfléchir où l’on veut aller, en dialoguant et en débattant, à partir du socle de culture et de connaissances communes qui s’est constitué et que l’Agence entend animer et faire vivre, plus que jamais.
Oui le monde est complexe, les défis nombreux, l’avenir incertain. C’est une raison supplémentaire pour mettre en commun tout ce qui peut aider à comprendre, éclairer, agir mieux, progresser… Nous avons refondu cette année notre site Internet dans cette optique. Avec notre système d’information territorial, nous transformons et décryptons des données essentielles, mises à disposition au sein de nos publications. Avec le Conseil scientifique de l’Agence et Grand A, dans le cadre de Transfo ou de la Biennale des Villes en transition, nous proposons de grandes questions au débat public avec la contribution d’experts. Avec le projet de Plateforme des prospectives et stratégies, nous formulons le vœu d’ouvrir une scène large qui nous permette d’embrasser ensemble les « à venir » possibles et de nous y préparer. L’heure n’est certainement pas au repli sur soi. Échangeons, décloisonnons, partageons, créons  ensemble. Sans restriction. 

Juin 2020