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Cohésion sociale : objectiver les formes de pauvreté à l’échelle métropolitaine

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A la demande du pôle Cohésion sociale de Grenoble-Alpes Métropole, l’Agence a réalisé un diagnostic social métropolitain en 2021/2022 visant à renseigner sur les formes de précarités vécues, au-delà de la stricte pauvreté monétaire.

Cohésion sociale : objectiver les formes de pauvreté à l’échelle métropolitaine

Présenté en bureau de Grenoble-Alpes Métropole, lundi 4 octobre 2022, le diagnostic social métropolitain réalisé par l'Agence se doit d’aider au dimensionnement du Fonds d’accompagnement social aux transitions (FAST) lancé en 2022 par Grenoble-Alpes Métropole pour succéder au fonds de cohésion sociale et territoriale ainsi qu'au fléchage des populations et communes les plus concernées par des problématiques de pauvreté.

Les objectifs de ce diagnostic :

  • Approcher la pauvreté en condition de vie : santé, habitat, éducation, sociabilité, citoyenneté, sécurité (physique, alimentaire…)
  • Étudier les indicateurs de précarité invisibles aux statistiques : observations et ressentis des personnes ressources, perceptions des tendances, rapports d’activité…
  • Adopter une posture d’observation par public et par thématique (ex : personnes en situation de rue, victimes de violences, issues d’un parcours migratoire/demandeurs d’asile…)
  • Apprécier le ressenti des professionnels et des associations quant aux évolutions des déterminants de précarité depuis la crise sanitaire (effets directs et indirects).

Un travail d’observation en deux volets pour englober un vaste prisme de la précarité

Volet observation quantitative : le choix des formes de pauvreté vécues (revenu, précarité énergétique, accès aux soins, santé, sdf) a donné lieu à l’analyse de 8 indicateurs clés de la précarité métropolitaine. Ce travail s’est couplé avec l’actualisation d’un cahier thématique revenu précarité par l’OBS’y datant de 2014 (à paraître en 2023). Un comité de rédaction trimestriel rassemblant l’équipe OBS’Sy, la CAF, la Ville de Grenoble et la Métropole a permis de nourrir mutuellement les deux chantiers.

Volet observation qualitative : la récolte de la parole des professionnels (société civile et associations) s’est réalisée lors d’une vingtaine d’entretiens conduits avec le chargé de mission de Grenoble-Alpes Métropole en 2021 puis analysés en 2022. Des entretiens collectifs auprès des communes de typologie urbaine similaire ont également été conduits, ainsi que des rencontres bilatérales avec les institutions en charge des questions sociales et sanitaires (Département, CAF…). Un exemple de question posée auprès des centre communaux d’action sociale : « Quelles sont les principales fragilités sociales et formes de précarité vécues par les habitants de votre commune ? » / « Depuis le début de la crise sanitaire, observez-vous la cristallisation plus forte de certaines problématiques ou des signaux faibles d’enjeux montants ? ».

"L’Agence va poursuivre son implication en 2023 dans le champ de l’observation sociale, cette fois à l’échelle départementale, avec la réalisation d’un diagnostic social pour le Département sur la fragilité et la précarité des jeunes, pour comprendre les risques de bascule et identifier des axes de prévention."

Lucas Jouny, chargé d'études sociétales

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Où sont situés les 30 000 ménages en situation de pauvreté ?

8 indicateurs clés de la précarité métropolitaine

  • le niveau de vie mensuel médian disponible
  • le taux de pauvreté
  • la part des ménages dépendants financièrement d’une allocation CAF
  • la précarité énergétique
  • la suroccupation des logements
  • l’accès aux soins auprès d’un médecin généraliste
  • la part des dépenses alimentaires parmi les revenus disponibles
  • la part des personnes sans domicile fixe parmi les demandes de logement social

4 principales conséquences de la crise sanitaire émergent des entretiens

  • dégradation de la santé mentale des personnes,
  • diversification du public bénéficiaire de l’aide alimentaire et des accueils de jour,
  • fracture numérique exacerbée pour les publics les plus isolés,
  • montée des solitudes et des violences.

« Ce qui est nouveau cette année, c’est que les jeunes qui sont en difficulté sur ces plans-là n’ont plus 16-17 ans mais 11-12 ans. » Educateur spécialisé, Le Pont-de-Claix

« Ce sont des situations de plus en plus jeunes, avec un besoin psy ou d'orthophonie, qui ne sont pas détectées suffisamment à temps. » Infirmière scolaire, Fontaine

« Nous sommes sollicitées par de nombreuses familles pour le colis alimentaire. Les familles n’étaient pas notre public habituel avant la crise sanitaire, mais le nombre de familles accueillies n’a cessé de croître depuis le début de la crise sanitaire.» Association « accueil SDF »

Aller + loin

Diagnostic social du territoire de Grenoble-Alpes Métropole

Quelques chiffres-clés

Taux de pauvreté :

  • 14 % des ménages (soit 30 000 ménages) sont considérés comme pauvres monétairement (sur 450 000 habitants) (seuil de pauvreté : en dessous de 1100 € de revenu pour une personne seule et 2300 € pour un couple avec deux enfants)

Précarité énergétique :

  • 11 % des ménages (soit 23 000 ménages) sont en situation de précarité énergétique au regard du logement (vs 14 % en France).
  • 12 % des ménages (soit 26 000 ménages) considérés comme précaires énergétiquement au regard du véhicule particulier (une proportion similaire à celle enregistrée à l’échelle de l’Isère).

Potentiel de consultation annuelle auprès d’un médecin généraliste :

  • En 2019, un habitant de Grenoble-Alpes Métropole consulte potentiellement et en moyenne 5 fois par an un médecin généraliste (contre 4 fois par an en Isère).
  • Plus d'un tiers des communes font partie des zones sous-dotées en médecins généralistes, celles pour lesquelles le nombre de consultations est < 2,5 consultations annuelles potentielles (communes "foncées" sur la carte)

La part des dépenses alimentaires parmi les revenus disponibles :

  • 15 % du revenu disponible des ménages est consacré à l’alimentation

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La part des dépenses alimentaires dans les revenus