Depuis le 1er janvier 2025, la Zone à faibles émissions (ZFE) est mise en place dans treize communes de la métropole grenobloise. Pour accompagner son déploiement progressif, Grenoble-Alpes Métropole a sollicité l’Agence pour conduire une enquête sur la connaissance et la perception de la ZFE par la population. Le ressenti de mille personnes a été analysé, aboutissant à l’identification de groupes aux profils et sensibilités similaires.
Perceptions de la ZFE : un reflet des tensions entre justice sociale, enjeux sanitaires et environnementaux
Grenoble-Alpes Métropole
Une méthode éprouvée
Élaborée avec Grenoble-Alpes Métropole en se référant à d’autres enquêtes similaires, l’enquête sur la ZFE exploite un questionnaire en ligne, directement administré sur une dizaine de sites de la métropole (Comboire, CHU, Grenoble centre, parkings relais, etc.) par les enquêteurs d’une junior entreprise de Grenoble école de management (GEM).
L’échantillon est globalement représentatif de la population de la métropole dont toutes les communes sont représentées. Il inclut également des répondants d’une vingtaine de communes des territoires voisins, plus ou moins ruraux, du Voironnais à la Matheysine.
Faire parler les données : de la structuration des réponses à l’identification des profils
Pour analyser les convergences dans les positionnements à l’égard de la ZFE, la première étape a consisté à structurer les données en fonction d’hypothèses (par exemple, Le lieu de résidence ou le niveau de vie influencent-t-ils le soutien ou, au contraire, le rejet de la mesure ?), en se basant sur des méthodes de scoring, d’isolation de modalités et de regroupement de variables.
Une méthode statistique multivariée de type clustering a ensuite permis d’identifier quatre groupes homogènes de répondants, à savoir des profils-types partageant des caractéristiques communes en termes de perception du caractère nécessaire, efficace ou juste de la ZFE. Cette méthodologie offre une lecture plus fine et opérationnelle des résultats, permettant d’adapter les stratégies d’information et d’accompagnement aux réalités des différents publics.
Aussi, pour mieux comprendre quels publics adoptent quels positionnements face à la ZFE, la dernière étape a servi l’identification des liens entre les quatre profils et leurs caractéristiques sociodémographiques, leurs modes de vie et leur rapport à la voiture.
L’analyse multivariée : un outil pour comprendre les dynamiques de perception L'analyse multivariée a permis d'identifier des profils-types de répondants face à la diversité des réponses recueillies dans l’enquête sur la ZFE (perceptions, usages de la voiture, profils socioéconomiques, lieux de vie) - Le K-Means regroupe les individus aux réponses similaires dans des catégories homogènes, révélant ainsi des groupes aux attitudes distinctes face à la ZFE. - L’Analyse factorielle des correspondances (AFC) met en lumière les liens entre variables, montrant par exemple comment certaines opinions sur la ZFE sont associées à des caractéristiques sociodémographiques ou des habitudes de mobilité. Cette méthodologie offre ainsi une lecture plus fine et opérationnelle des résultats, permettant d’envisager une adaptation des stratégies d’information et d’accompagnement aux réalités des différents publics.
Les enseignements-clés
Si l’enquête révèle un niveau de connaissance de la ZFE extrêmement faible (tant sur le périmètre concerné que sur ses modalités pratiques et dérogations ou encore, sur les aides disponibles), elle souligne en revanche des attitudes globalement favorables au dispositif (67 % de l’échantillon), toutefois nuancées par un certain nombre de préoccupations et réserves.
Les plus favorables au dispositif ne sont pas ceux qui le connaissent le mieux. En effet, non seulement le niveau de connaissance n’influence pas à la hausse le niveau d’adhésion, mais il semble même outiller la critique à son égard.
Les positionnements sont plutôt favorables par principe à une mesure considérée comme environnementale.
C’est plus la perception d’une utilité en général qui semble déterminante dans l’adhésion à la ZFE que la croyance en un impact concret sur la qualité de l’air.
Dans le même esprit, la perception d’une qualité de l’air dégradée n’améliore pas l’adhésion à la ZFE. Au contraire, les plus opposés sont souvent ceux qui jugent la qualité de l’air comme la plus mauvaise, illustrant une forme de scepticisme quant à l’efficacité réelle du dispositif pour répondre à cet enjeu.
De manière générale, une forte polarisation oppose « promoteurs » et « détracteurs » de la ZFE, en grande partie fondée sur l’impact estimé que la ZFE pourrait avoir sur leur propre situation ou celle des plus modestes. Ainsi, la perception du caractère socialement juste et équitable de la mesure joue un rôle central dans l’adhésion. On trouve à une extrémité des profils plus jeunes, souvent urbains, plus aisés et moins motorisés, généralement favorables à la ZFE et à l’autre, des familles plus nombreuses, résidant en périphérie ou dans des zones moins desservies, dont les revenus sont moindres et qui dépendent davantage de véhicules plus polluants.
Analyse KMeans : identifier des groupes homogènes quant à leurs perceptions de la ZFE
Cartographie AFC : identifier des corrélations entre les groupes identifiés, leurs modes de vie et leurs profils socio-économiquesAller + loin