L'agence enquête #3 : les entretiens semi-directifs
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Régulièrement mobilisés par l’Agence, les entretiens semi-directifs s’attachent à restituer les propos des enquêtés dans toute leur complexité ; ils sont en cela complémentaires des enquêtes quantitatives. Ils apportent un regard qualitatif indispensable à la compréhension des dynamiques locales, donnent à voir la diversité et la richesse des vécus.
L'agence enquête #3 : les entretiens semi-directifs
L’Agence mobilise des méthodologies d’enquête variées – qualitatives comme quantitatives – afin d’éclairer les dynamiques locales et d’accompagner ses partenaires dans la compréhension fine des territoires. Focus groups, questionnaires, analyses statistiques et entretiens semi-directifs constituent les principaux outils actuellement déployés sur l’aire grenobloise.
Ce troisième article de la série met en lumière les entretiens semi-directifs, une méthode précieuse pour recueillir et analyser les expériences vécues.
Une méthode centrée sur l’expérience individuelle
Les entretiens semi-directifs reposent sur un échange en face-à-face entre un enquêteur et un participant - habitant ou professionnel. La rencontre s’appuie sur un guide d’entretien préalablement élaboré : une liste de thèmes et de questions qui orientent la discussion, sans jamais l’enfermer.
Cette souplesse permet à l’enquêté d’aborder les sujets à son rythme, selon ses propres priorités. L’enquêteur, lui, adopte une posture d’ « apprenant » : il laisse émerger l’expertise de terrain et l’expérience quotidienne de la personne rencontrée, en accompagnant le récit de relances ou demandes de précisions. L’entretien semi-directif se distingue donc par son attention particulière portée aux mots employés, aux enchaînements d’idées et à la logique propre du discours recueilli.
Comprendre plutôt que mesurer
L’objectif des entretiens semi-directifs n’est pas de produire des données représentatives au sens statistique, mais de donner à voir la diversité et la richesse des vécus. C’est la significativité des propos qui est recherchée : la manière dont certains constats se répètent, se structurent ou se différencient d’une personne à l’autre.
Au fil de la démarche, un seuil de saturation est atteint, c’est-à-dire que les propos recueillis commencent à se recouper, et les nouveaux entretiens n’apportent plus d’éléments vraiment nouveaux. C’est à ce moment que l’analyse peut s’engager, en tirant parti de la densité des discours collectés pour dégager les grands enseignements.
Souvent d’une durée d’une heure ou plus, les entretiens permettent d’entrer en profondeur dans le rapport qu’un individu entretient avec son cadre de vie, ses activités, ses relations ou encore les évolutions de son quartier.
Un outil au service de l’observation des quartiers : l’exemple du suivi du NPNRU
Les entretiens semi-directifs constituent un outil régulièrement mobilisé par l’Agence, aussi bien auprès des habitants que des professionnels.
Dans le cadre de l’évaluation continue de la rénovation urbaine des Villeneuves, l’Agence a par exemple mis en place un dispositif d’entretiens récurrents. Tous les deux à trois ans, une soixantaine d’habitants des quartiers de la Villeneuve à Grenoble et à Échirolles sont rencontrés afin de recueillir, dans la durée, leurs perceptions et leurs vécus.
Ces rendez-vous réguliers permettent de suivre leur perception des transformations liées au renouvellement urbain: le NPNRU (Nouveau programme national de renouvellement Urbain) contribue-t-il à améliorer le bien-vivre dans le quartier ? Dans quelle mesure les habitants se disent-ils satisfaits des changements opérés sur le logement, les espaces publics ou les services ? Comment les usages quotidiens évoluent-ils avec l’arrivée de nouveaux équipements et aménagements ?
Menés par l’association du Champ des possibles, spécialisée en sciences humaines, puis analysés par l’Agence, ces entretiens permettent de mettre en évidence des différences de perception selon le parcours résidentiel, le milieu social ou encore l’ancienneté dans le quartier. Ils permettent de comprendre pourquoi un habitant perçoit un changement comme une amélioration, tandis qu’un autre peut l’interpréter différemment. Ils éclairent aussi la manière dont l’image d’un quartier évolue dans le temps, au-delà des seuls indicateurs statistiques.
Parce qu’ils s’attachent à restituer la parole dans toute sa complexité, ces entretiens enrichissent le diagnostic territorial. Ils complètent les enquêtes quantitatives, en apportant un regard qualitatif indispensable à la compréhension des dynamiques locales.
« C’est un quartier qui est très agréable, je trouve qu’on a vraiment un cadre de vie super et tout. J’ai le sentiment qu’il s’est appauvri par contre, j’ai l’impression de voir des familles plus en difficulté, qu'il se dégrade aussi au niveau architectural, au niveau entretien, la piscine qui est fermée, des choses comme ça. Quand on voit l’état des immeubles, quand on passe dans la galerie en bas c’est dramatique. On a l’impression d’une sorte de… un peu d’abandon de la ville » - habitant de la Villeneuve
L'Agence enquête, une série d'articles
L'Agence enquête #1 : les focus groups - juillet 2025
L'Agence enquête #2 : l'enquête par questionnaire - septembre 2025
Le regard de l'enquêteur
Mettre en place une cohorte de terrain : interview
Une méthodologie déployée dans des missions de l'Agence
Précarités rurales en Isère : un phénomène corrélé à des "effets de territoires
Habiter un quartier en renouvellement urbain : les Villeneuves 2018-2028
Synthèse - analyse de la première vague d'entretiens sur « Villeneuve d’Echirolles »
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Comprendre les inégalités sociales pour aménager des territoires plus justes. 2025
En bref – l’entretien semi-directif
L’entretien semi-directif est une méthode qualitative qui combine un cadre souple (guide d’entretien autour de quelques thèmes) et une grande liberté de parole laissée à l’enquêté. Conduit en face-à-face et souvent long, il permet de recueillir perceptions et expériences personnelles. L’objectif n’est pas la représentativité statistique mais la richesse et la diversité des points de vue, jusqu’à atteindre un seuil de saturation où les propos se répètent. Les discours sont ensuite analysés et restitués de manière anonymisée, en faisant ressortir à la fois les points de consensus (mais aussi de divergence), tout en mettant en valeur la richesse des nuances exprimées.