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De la planification à l'action : l'urbanisme de projet

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Après l’élaboration ou le suivi de documents d’urbanisme, notamment les PLUi, l’Agence aide à leur traduction et à leur mise en œuvre, à l’amont des projets. Elle aide aussi à concrétiser l’impulsion donnée par l’État pour la revitalisation des centralités périurbaines (Petites villes de demain et autres dispositifs).

De la planification à l'action : l'urbanisme de projet

Questions à Emmanuel Boulanger, Responsable du Cadre « Fabrique du cadre de vie »
et Amélie Garnier, chargée d’études Territoires, architecte DE - urbaniste à l’Agence

L’urbanisme de projet : de quoi s’agit-il ?

C’est la suite logique de la planification, à savoir la mise en œuvre des réflexions sur le règlement d’urbanisme, avant le passage à l’opérationnel. On se situe vraiment à l’interface entre maîtrises d’ouvrage et maîtrises d’œuvre (bureaux d’études, architectes, urbanistes, paysagistes) à des phases d’avancement de projet variées. À l’Agence, on s’intéresse aux questions amont : diagnostic partagé, aide à la projection, recommandations mais aussi faisabilité. On aide à problématiser et scénariser les projets en vue de l’aménagement, de la recomposition ou de l’optimisation d’un quartier, d’un îlot ou encore d’un espace public ; on regarde leurs potentiels et limites pour aider les élus à faire des choix. Pour cela, il faut maîtriser toutes les facettes des projets, croiser les thématiques et les composer à façon suivant les enjeux, attentes des élus, pratiques des habitants, intérêts des acteurs… L’Agence, qui est à la fois dans l’élaboration et l’adaptation de la règle d’urbanisme, l’expertise thématique, la connaissance historique des évolutions et la capitalisation d’expériences, est très légitime sur ce sujet.

À quelle échelle intervient l’Agence et dans quels buts ?

L’Agence intervient sur une grande diversité de territoires et d’échelles : les polarités métropolitaines, sur des secteurs de projets multithématiques et intercommunaux où mettre en œuvre les politiques communautaires ; la commune, dans le cadre d’opérations de revitalisation du territoire, avec la réalisation de plans guides, en anticipation de documents réglementaires pour révéler les enjeux ; le quartier, la rue ou les espaces publics de proximité, avec des interventions ciblées (habitat, commerce, mobilités…) dans une perspective d’amélioration fonctionnelle, de meilleure qualité de vie, d’adaptation au changement climatique. Ici elle peut faire appel à l’expertise des habitants pour recueillir leur ressenti sur le fonctionnement de leur quartier ou d’espaces publics. Elle s’intéresse généralement aux espaces déqualifiés, dysfonctionnels, inadaptés à l’évolution des usages ou aux enjeux des transitions et de santé publique. La dernière dimension est celle de l’îlot, regroupant plusieurs parcelles, où l’Agence intervient de manière pré-opérationnelle. L’objectif est à la fois l’identification des enjeux et des potentiels du site au regard des volontés politiques mais aussi, celle de l’ajustement règlementaire pour assurer et encadrer le devenir du périmètre. L’Agence peut alors entrer en discussion avec le porteur de projet et avec les habitants, aux côtés de la commune, pour argumenter et faire évoluer le projet.

Et concrètement, avez-vous des exemples ?

Ils sont nombreux et diversifiés. L’Agence se positionne à l’échelle du plan guide et de la mise en récit, comme sur la polarité métropolitaine de Vizille et son projet de requalification / revitalisation. Elle est investie dans les projets de renouvellement à vocation d’habitat ou d’économie, par exemple sur un îlot d’habitation à La Tronche où elle a permis à la fois de proposer des scénarios aux élus, de participer à des échanges avec le promoteur et son architecte et enfin, d’aboutir à une traduction règlementaire du projet notamment dans une OAP enrichie par un groupe d’habitants. Certaines études sont axées sur les équipements existants, dans leur réemploi ou l’optimisation du bâti, comme sur le secteur de la piscine Jean Bron à Grenoble avec une approche bâtimentaire et financière détaillée. Quelques études sur les espaces publics ont abouti, comme à Mens, à un carnet de recommandations pour harmoniser les futurs aménagements et veiller aux enjeux patrimoniaux. À Saint-Paul-de-Varces, une dimension opérationnelle sur l’évolution de la place de l’église a guidé les échanges avec les habitants. Nous intervenons aussi sur des secteurs restreints, une avenue par exemple, pour développer des analyses thématiques ciblées, objectiver les effets et aider au positionnement politique tout en prenant appui sur des productions plus collectives, comme le guide de la division parcellaire à Meylan. Par rapport à un bureau d’études, l’Agence a l’antériorité et une expertise reconnue de l’ensemble des thématiques.

Comment voyez-vous le rôle de l’Agence ?

L’urbanisme de projet, c’est acter le fait d’être dans une itération entre la règle et le projet. Cela implique de dialoguer avec les parties prenantes et de bien organiser les process. En amont, l’Agence a la capacité de mobiliser et rassembler les acteurs et partenaires, d’anticiper les calendriers de procédure, de réunir et exploiter de la donnée multithématique pour mettre en récit et aider à construire une vision politique partagée ; à l’aval, elle aide à évaluer les opérations d’aménagement, par exemple, avec la structuration d’indicateurs. De ce fait, elle agit comme une courroie de transmission, un lieu de capitalisation et d’échange comme avec le club des centralités.