Le développement de la mobilité cyclable est un des piliers de la stratégie du Smmag. Ce dernier a demandé à l’Agence de l’aider à mieux cibler les publics et les services concernés en 2024.
Accompagner le développement de la pratique du vélo : quelles méthodes ?
Questions à Delphine MANZI, cheffe de projet Aide à l’achat et Animation/Communication Vélo au Smmag
Quelle est votre mission ?
Au sein de l’unité vélo du Smmag, j’ai la charge de la coordination de la communication, des animations et des événements dédiés au développement de la pratique, notamment via notre service Mvélo+. L’objectif est de créer les conditions du report modal pour passer de la voiture au vélo. L’animation a pris beaucoup d’ampleur ces dernières années, mais de manière informelle, sans plan d’action structuré. Par souci d’efficacité, nous avions besoin de données pour mieux connaître les publics à cibler et la manière de les toucher. C’est ce qui a motivé le démarrage d’une étude avec l’Agence qui disposait d’informations sur les usages et non usages du vélo, les freins et leviers liés à sa pratique sur le territoire, via l'enquête Mobilité grande région grenobloise (EMC22019-2020) notamment. On a préalablement échangé au sein de l’unité vélo pour constituer une liste de questions sur ce que nous voulions apprendre. Par exemple, l’âge à partir duquel les enfants décrochent de la pratique du vélo en grandissant.
Quelle méthode a été mise en place ?
L’Agence a commencé à creuser les données de l’enquête ménages mais on s’est assez vite rendu compte qu’en dépit de leur intérêt, les réponses n’étaient pas suffisantes : soit par un manque de représentativité des publics (échantillon faible) soit parce qu’elles ne pouvaient nous donner le degré de précision souhaité. On s’est tourné en complément vers la littérature, qui, bien que sortant du périmètre du Smmag, pouvait nous permettre d’identifier des tendances vis-à-vis de différents publics (hommes, femmes, enfants de tous âges, salariés, sans emploi…).
À partir de là, l’Agence a pu établir des liens entre des publics et des freins à la pratique et nous a amenés à construire différents tableaux, avec un système de notation des objectifs ou des enjeux. Le premier tableau, consacré aux politiques cyclables, a permis de définir les arguments sensibles, à l’échelle de l’individu et du collectif : contribuer à la diminution de GES, rester en forme et en bonne santé, redynamiser les centres-bourgs… Le second tableau visait à croiser les différents publics avec les types de freins identifiés, comme le sentiment d’insécurité, le manque de culture vélo, l’apparence (ex. être décoiffé), le fait de transpirer… Enfin, le dernier tableau permettait de croiser ces freins avec des pistes d’action potentielles. Une fois hiérarchisés, ces tableaux permettent de définir les publics à cibler en priorité, pour construire un plan d’action qui soit désormais fondé sur des éléments plus objectifs.
L'étape suivante, en mai 2025, a été d’organiser un atelier de travail avec des agents des différents services et unités du Smmag et quelques acteurs extérieurs (partenaires de la Métropole, du Grésivaudan et du Pays Voironnais, ainsi que des associations engagées sur la thématique du vélo), pour présenter les premiers résultats et aboutir à une hiérarchisation des grands objectifs/enjeux, pour fonder le plan d’action qui sera présenté au Président.
Quel bilan tirez-vous de ce travail ?
L’Agence a imaginé la méthode, établi les tableaux et proposé un système de calcul dont nous nous sommes saisis pour automatiser le travail. Cette méthodologie va être certainement inspirante pour les sujets de changement de comportement, tous modes confondus, qui pourraient être accompagnés par l’Agence sur un modèle similaire. Elle a fourni un gros travail de pré-notation dans les tableaux à partir de l’analyse de la littérature, qui a été complété à dire d’expert par les collègues de l’unité vélo. C’est une avancée même s’il subsiste encore de nombreuses incertitudes.
Ce travail pourrait par la suite venir nourrir des enquêtes ponctuelles, avec l’aide de l’unité Ressources du Smmag, pour mieux connaître certains types de publics et de freins (par exemple affiner les tranches d’âges enfants, jeunes). On sait qu’à Lyon, une démarche d’enquête annuelle est menée qui donne des résultats intéressants. Idéalement il faudrait pouvoir continuer à faire vivre ce travail pour l’enrichir au fil de l’eau.
Delphine MANZI, cheffe de projet Aide à l’achat et Animation/Communication Vélo au Smmag